lundi 25 mars 2013

Conseiller municipal intéressé par Benoit Fleury

Conseiller municipal intéressé par Benoit Fleury 


La question revient, inlassablement, et le praticien territorial attire immanquablement l’attention de ses élus sur le sujet : attention à la notion de conseiller intéressé ! En cas de doute, le conseiller municipal, non seulement ne votera pas une délibération à laquelle il est susceptible d’être intéressé, mais prendra garde en outre à éviter de participer aux travaux préparatoires. Le Conseil d’Etat vient de rappeler cette règle prudentielle (CE 21 nov. 2012, M. Chartier, n° 334726).

On se souvient qu’aux termes de l’article L. 2131-11 du code général des collectivités territoriales (CGCT), « sont illégales les délibérations auxquelles ont pris part un ou plusieurs membres du conseil intéressés à l’affaire qui en fait l’objet, soit en leur nom personnel, soit comme mandataires ». Une récente réponse ministérielle du 4 octobre 2012 fait un point important sur l’application de ces dispositions.

Benoit-Fleury
La Haute juridiction administrative, ainsi qu’on a pu le constater très récemment se livre à une approche pragmatique lorsqu’elle est saisie sur ce fondement. Conformément à sa jurisprudence Commune d’Oullins, elle recherche si l’intérêt supposé des conseillers se distingue des intérêts de la généralité des habitants (CE, sect., 16 déc. 1994, n° 145370, Cne d’Oullins : AJDA 1995, p. 72).
C’est en ce sens qu’elle a pu considérer par exemple dans une affaire relative à l’acquisition d’un immeuble que devait être regardé comme personnellement intéressé le conseiller qui assure la gestion d’une partie des biens du vendeur dont il a été le notaire à plusieurs reprises (CE 27 juin 1997, n° 122044, M. Tassel et a.). De même est intéressé à l’affaire au sens de l’article L. 2333-11 du CGCT le conseiller, président-directeur général d’une société qui exploite un théâtre, propriété de la commune, lorsque le conseil municipal délibère sur des demandes de subventions en vue de travaux de réaménagement de la salle de théâtre (CE 23 sept. 1987, n° 65014, Ecorcheville). En revanche, il n’y a pas « d’intérêt à l’affaire » lorsqu’il s’agit d’un intérêt attaché à la qualité d’habitant ou de contribuable de la commune, sans être distinct de l’intérêt général de la commune (CE 26 oct. 2012, n° 351801, Dpt du Haut-Rhin).
Pour éviter ces écueils, le plus souvent le conseiller susceptible d’être intéressé s’abstient de participer au vote. Mais cela ne suffit pas toujours, ainsi qu’en témoigne notre affaire.
En l’espèce, le conseil municipal de Vaux-sur-Vienne avait approuvé par délibération la carte communale de la commune. Celle-ci étendait notamment un périmètre de protection interdisant toute construction autour d’une exploitation agricole appartenant au premier adjoint du maire. Ce dernier avait pris soin de se retirer lors du débat et du vote de l’extension dudit périmètre. Le Conseil d’Etat n’a pas considéré cette attitude comme suffisante au regard des prescriptions de l’article L. 2131-11 du CGCT en indiquant « que la participation au vote permettant l’adoption d’une délibération par une personne intéressée à l’affaire qui fait l’objet de cette disposition est de nature à entraîner l’illégalité de cette disposition ; que, de même, la participation aux travaux préparatoires et aux débats précédant l’adoption d’une telle délibération, par une personne intéressée à l’affaire qui fait l’objet de cette disposition, est susceptible de vicier la légalité de cette disposition, alors même que cette participation préalable ne serait pas suivie d’une participation au vote de la disposition litigieuse, dès lors que la personne intéressée a été en mesure d’exercer une influence effective sur la délibération litigieuse ».


Benoit Fleury, Non-cumul des mandats

Benoit Fleury, Non-cumul des mandats 


Benoit-Fleury
Quatre universitaires mettent en garde contre une interdiction absolue du non-cumul des mandats, au nom de l'équilibre des pouvoirs. 

A retrouver dans Le Monde.

dimanche 24 mars 2013

Tourisme et département par Benoit Fleury

Tourisme et département par Benoit Fleury


Communiqué de presse de l'ADF confirmant le rôle de chef de file du département en matière touristique. (19 mars)
 
Le succès de la France en matière de tourisme est ancré sur la richesse et la diversité de nos territoires et de nos terroirs qui permettent à notre Pays, de disposer d’une variété de destinations touristiques, que le monde entier nous envie.
Il est également intimement lié à l’engagement de l’Etat et des collectivités publiques dans des politiques touristiques ambitieuses.
Le tourisme représente 7% du produit intérieur brut et génère 1,8 million d’emplois direct et indirect. Avec 8 milliards d’euros de solde excédentaire dans la balance extérieure Française, l’économie touristique est un atout qu’il convient de conserver et de développer.
Benoit-FleuryConvaincus de ces atouts et enjeux, les départements à travers l’Assemblée des Départements de France, ainsi que leurs Agences de Développement Touristique (ADT)/Comités Départementaux du Tourisme (CDT) à travers RN2D, se sont employés depuis de long mois à faire partager cette ambition et à promouvoir de nouveaux modèles de coopération entre collectivités locales, adaptés aux logiques de destination et misant sur l’intelligence territoriale.
Au travers de l’avant-projet de loi portant décentralisation et réforme de l’action publique, le gouvernement a tenu à éclaircir les compétences de chaque échelon de collectivités locales afin d’améliorer la coordination et d’assurer la mise en place de stratégies communes et cohérentes. C’est dans ce cadre que le département, échelon de proximité, a été désigné comme chef de file de la compétence touristique.
Cet engagement est la reconnaissance du rôle de « pivot » de développement homogène, d’aménagement équilibré et de solidarités assurées par les départements.

samedi 23 mars 2013

Décentralisation et ruralité par Benoit Fleury


Décentralisation et ruralité par Benoit Fleury



Communiqué de presse de l'association des maires ruraux du 15 mars, publié le 18.

Le gouvernement présentera dans quelques jours au Conseil des Ministres un projet de loi sur l’avenir de la décentralisation et de réforme de l’action publique.

Après les États généraux de la Démocratie territoriale à l’automne 2012 qui avaient laissé entrevoir l’espoir d’une nouvelle phase de relation entre État et Collectivités, une clarification des compétences et la construction d’un rapport de confiance, ce texte, dit Acte III de la décentralisation, interroge, inquiète et concerne l’ensemble des élus ruraux de notre pays.

Benoit-FleuryRédigé avec la même encre que la Loi de Réforme des Collectivités Territoriales du précédent gouvernement en 2010, le texte est une véritable usine à gaz qui fait l’impasse sur la paralysie des finances des collectivités territoriales - qui entrainera une chute de l’investissement public - , sur le caractère inégalitaire des systèmes de péréquation, sur le financement de la présence des services publics partout sur le territoire…

En un mot, l’absence d’une politique d’aménagement du territoire renforcée par l’absence de lien pourtant essentiel avec la réforme des modes de scrutin et la sous-représentation des territoires ruraux dans les conseils régionaux, demain dans les Conseils généraux, du fait des modes de scrutin, ou encore dans les Conférences territoriales de l’Action publique dont les communes rurales sont exclues.

Cet ensemble de dispositions disparates n’a rien à voir avec un projet de réforme cohérent de nos institutions territoriales et de l’action publique. En matière de clarification de compétences, l’accumulation de plans régionaux et territoriaux contient en elle, les germes d’un fiasco total, et au final, d’une complexité plus grande encore pour les citoyens.

Ce texte n’en constitue pas moins une nouvelle tentative de réduire, au nom de l’efficacité gestionnaire, la liberté d’administration des collectivités territoriales, des plus petites communes et des départements tout spécialement. Le tout enveloppé de concertation dont le caractère obligatoire et les effets financiers dissuasifs en cas de désaccord peinent à masquer qu’il s’agit d’installer une forme de tutelle des collectivités les plus puissantes sur les autres et un renforcement de la tutelle de l’État et des juridictions financières : chambres régionales des comptes, cours des comptes.

Si la clause de compétence générale est rétablie, c’est pour mieux la ligoter.

Plus grave encore, le texte actuellement au Conseil d’État, s’attaque aux communes avec un nouveau train de mesures pour les vider de leurs pouvoirs et de leur substance, notamment en rendant obligatoire le transfert de compétences vers les EPCI au mépris du principe fondateur de la réussite des projets intercommunaux comme le voulait la loi Joxe: le volontariat et le souci d’aider les communes.

Ainsi en est-il des transferts des pouvoirs de police au président de l’EPCI, de l’augmentation des compétences obligatoires des EPCI, de la réduction des possibilités de modulation des formes de mise en commun des services au sein d’un EPCI, ou encore de la création d’une part spéciale de la DGF "pour inciter les EPCI à la mutualisation".

Avec les statuts d’Euro-métropoles, il ouvre une brèche sans précédent dans le respect de la démocratie directe municipale et construit une série d’exceptions autour de territoires qui s’affranchiront de la nécessaire solidarité entre zones urbaines riches et zones rurales de plus en plus peuplées, sous équipées et laissées à l’abandon.

Le projet de loi organise la disparition de l’ingénierie publique. Il fait l’impasse sur la question des normes en introduisant une notion très floue de "proportionnalité des normes" sans s’attaquer au stock.

Autant de raisons pour que les Maires Ruraux participent activement au débat, dans les territoires et au Parlement pour demander que cette nouvelle étape de la Décentralisation :

  • reconnaisse enfin le fait rural, facteur de richesse et de développement ;
  • consolide le respect des trois niveaux de collectivités locales (communes, départements, régions) ;
  • renforce la place de la commune dans son rôle de cellule de base de la démocratie et d’acteur de proximité en lui restituant ses capacités à assumer la clause générale de compétences ;
  • favorise l’action des élus et des acteurs locaux autour de projets de territoires grâce à un système de péréquation financier à la hauteur des enjeux ;
  • facilite le maintien et le retour des services publics par le biais de fonds de péréquation, sur le modèle de celui existant pour La Poste, assurant un financement du surcoût pour l’ensemble des services au public relevant de la sphère concurrentielle ;
  • revienne sur l’intention de transférer obligatoirement les Plu vers l’intercommunalité, qui prive la commune du pouvoir de développer son territoire. Les Maires Ruraux soutiennent l’idée d'une approche concertée en matière d'occupation de l'espace. Si la réflexion doit être la plus large possible, l'autorité signataire doit rester le maire au nom du conseil municipal.

Ils s’y engagent dès le 23 mars 2013 lors d’un débat organisé à Lyon « quel acte III de la Décentralisation pour les communes rurales ? » en présence de Anne-Marie ESCOFFIER, Ministre déléguée à la Décentralisation, Jean-Jack QUEYRANNE, président de la Région Rhône-Alpes, Ancien Ministre, et Jean-Yves DUSSERRE, président du Département des Hautes-Alpes.

HCFP par Benoit Fleury

HCFP par Benoit Fleury



Le Haut conseil des finances publiques (HCFP), créé pour prévenir tout dérapage des comptes publics, a été officiellement installé le21 mars sous la présidence de Didier Migaud, le premier président de la Cour des Comptes.

Composé de dix membres, il est chargé de rendre un avis sur les prévisions macroéconomiques du gouvernement – essentiellement les prévisions de croissance du PIB – qui lui servent de base pour élaborer le budget de l’Etat (projets de lois de finances, de financement de la sécurité sociale ou de programmation des finances publiques, programmes de stabilité). Le HCFP donnera également son avis sur la « cohérence de ces textes avec la trajectoire de retour à l'équilibre des finances publiques », a déclaré l’instance dans un communiqué.
Si l’écart entre les « résultats de l’année écoulée » et les objectifs du gouvernement est trop important, le Haut conseil pourra déclencher le « mécanisme de correction automatique » et demander alors au gouvernement de modifier ses objectifs.
Indépendante du gouvernement et du Parlement, l’instance est présidée par le premier président de la Cour des comptes, Didier Migaud. Quatre des dix membres du Haut conseil sont également des magistrats de la rue Cambon. Cinq autres membres ont été nommés par les présidents de l’Assemblée nationale, du Sénat, et de leurs commissions des finances, ainsi que par celui du Conseil économique, social et environnemental. Le directeur général de l’Insee, Jean-Luc Tavernier, en est membre de droit.
Le Haut conseil devra rendre un premier avis le 15 avril prochain à l’occasion de la transmission du programme de stabilité au Parlement, « avant sa communication à la Commission européenne à la fin du mois d’avril ». La France négocie actuellement avec la Commission un report d’un an de l’objectif d’un retour du déficit public à 3% du PIB, qu'elle aurait dû atteindre en 2013.