Emprunts toxiques : actualités par Benoit Fleury
1 – Honorer les prêts toxiques
Le 3 octobre
dernier, et face à un nombre croissant de collectivités qui disent refuser
d’honorer des prêts toxiques, dont les taux d’intérêts ont parfois quadruplé,
la ministre déléguée chargée de
la Décentralisation, Anne-Marie Escoffier, a déclaré à l’Assemblée, que «
les parties contractantes d’un contrat de prêt ne peuvent décider, ni d’un côté
ni de l’autre, de s’arranger avec la loi ». Elle a toutefois précisé que « le
gouvernement était mobilisé pour apporter des réponses aux collectivités, afin
de leur permettre de solder leurs dettes structurées ».
On précisera
cependant ici que les collectivités qui ont porté ces emprunts devant les
tribunaux peuvent, le cas échéant, invoquer un doute sérieux susceptible de
fonder la non-inscription des intérêts d’emprunts au titre des dépenses
obligatoires. La chambre régionale des comptes d’Auvergne a en effet considéré
que les intérêts litigieux que la commune de Sassenage refusait de régler à la
banque Dexia ne présentaient pas le caractère de « dépense
obligatoire ». Pour ce faire, elle s’est fondée sur une jurisprudence bien
établie du Conseil d’État (CE,
21 mars 2007, n° 275167, Cne Plestin-les-Grèves), qui dispose, au
travers d’un considérant de principe, qu’une
« chambre régionale des comptes ne peut constater qu’une dépense est obligatoire pour une commune et mettre celle-ci en demeure de l’inscrire à son budget qu’en ce qui concerne les dettes échues, certaines, liquides, non sérieusement contestées dans leur principe et dans leur montant et découlant de la loi, d’un contrat, d'un délit, d’un quasi-délit ou de toute autre source d’obligations ».
S’il ne fait
pas de doute que la dette est échue, certaine et liquide elle est, en revanche,
sérieusement contestée dans son principe et dans son montant, dans la mesure où
la commune avait préalablement réclamé au fond, auprès du juge judiciaire, la
nullité même des contrats d’emprunts souscrits auprès de Dexia. Partant, les
intérêts non payés par la commune de Sassenage n’étant pas considérés par la
chambre comme une « dépense obligatoire » au sens de l’article
L. 1612-15 du CGCT, leur non inscription au budget 2012 n’emporte donc
pas insincérité du budget, et ne l’affecte pas, par conséquent, de déséquilibre
(CRC
Auvergne, Rhône-Alpes, 11 juin 2012, avis n° 2012-115).
2 – Un mécanisme d’aide
Le
gouvernement a trouvé un accord de principe avec la Commission européenne sur
l’architecture de la nouvelle banque des collectivités, qui doit prendre en
charge le refinancement de Dexia, a annoncé le 8 novembre 2012 le ministre de
l’Economie, Pierre Moscovici. Le ministre a dévoilé les contours d’un plan
de financement des collectivités. Détaillé en sept points, il comporte un «
mécanisme spécifique d’aide » aux collectivités qui ont des difficultés à
rembourser leurs emprunts toxiques, dont le financement « reposerait sur l’ensemble
des collectivités locales et sur l’Etat ».
Le
portefeuille de prêts de DMA, qui se monte à 60 milliards d’euros environ,
comprend notamment environ 10 milliards de prêts considérés comme sensibles,
qui devaient initialement être couverts par des garanties.
3 – Un fonds de soutien mutualisé
Les élus de
collectivités touchées par les emprunts toxiques se sont prononcés mercredi 21
novembre pour la création d’un fonds de soutien mutualisé devant leur permettre
de sortir progressivement de ces emprunts. « Nous préconisons la
constitution d’un fonds de soutien mutualisé alimenté par une contribution du
système financier et également par l’Etat et par les collectivités touchées,
pour celles-ci dans une mesure acceptable et sur la base du volontariat »,
a déclaré devant la presse Maurice Vincent (PS), sénateur-maire de
Saint-Etienne et président depuis septembre dernier (à la suite de Clause
Bartolone) de l’association Acteurs publics contre les emprunts toxiques.
« La
constitution du fonds doit permettre la sortie progressive de ces emprunts
toxiques, pour être remplacés par des emprunts classiques, sur 5 à 7 ans »,
a-t-il ajouté. Actuellement, l’encours des emprunts toxiques est de 18
milliards d’euros et 1.600 collectivités et acteurs publics sont concernés, a
estimé Maurice Vincent. En notant que le « coût de sortie » de ces
emprunts est estimé à entre 8 et 10 milliards d’euros.
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